Temples modernes et cités perdues !
Le lendemain dans l’après-midi, nous prenons une
fois de plus le train, mais pour Bangkok cette fois-ci, enfin ! A bord,
nous rencontrons Antoine, un parisien avec qui nous papotons. Vers 19h, nous
arrivons à destination. Nous négocions un tuk-tuk (aaah, que serait Bangkok
sans ses fameux tuk-tuk ??!) jusqu’à un quartier où ce concentrent nombre
de pensions bon marché.
Nous sommes surpris par la vitesse à laquelle avance notre tuk-tuk, et par quelle façon il parvient à se faufiler entre les voitures, nous faisant gagner un temps fou dans une ville quasiment tout le temps congestionnée par les embouteillages ! Nous découvrons pour la première fois Bangkok, souvent qualifiée de « fournaise », ou de « fourmillante ». De nuit, la ville nous paraît déjà gigantesque et moderne. A peine descendus du tuk-tuk dans notre quartier rempli de « farang » (occidentaux), on nous interpelle déjà pour aller voir un « ping-pong show ». On ne vous dira pas de quoi il s’agit sur ce blog. Bref, malgré notre « non, dégage », les mecs insistent, à chaque fois que l’on passe devant eux, affligeant ! Après plusieurs visites de logement, parfois d’à peine 10 mètres carrés, parfois sans fenêtres et parfois même sans prises électriques… Nous finirons tout de même par trouver une chambre d’un bon rapport qualité/prix dans le quartier de Khao San. Le soir nous mangeons chez un petit vendeur ambulant, toujours aussi bon et pas cher.
Le jour suivant, nous décidons de partir à la découverte des temples de la ville. Et c’est à pied que nous effectuons
notre parcours, d’abord jusqu’au Wat Mahathat, qui ne fait pas partie des
temples les plus célèbres de Bangkok, mais vaut néanmoins le détour. La visite
à pied de la ville se fait sans problème, en revanche il faut s’attendre à dire
non des centaines de fois aux conducteurs de tuk-tuk, qui essayent aussi de
vous arnaquer par la même occasion, ce qui peut rendre la marche éreintante, à
croire que personne ne se ballade à pied ici... Bref, nous arrivons à notre
premier temple, après avoir traversé le marché aux amulettes où se vendent des
petits talismans, ainsi que des boutiques proposant de multiples herbes médicinales.
Nous serons agréablement surpris par le Wat Mahathat, où sont alignés au niveau
de l’entrée, sur des dizaines de mètres, des bouddhas dorés et drapés.
A l’intérieur
du temple, nous nous asseyons quelques instants. Une femme vient alors à notre
rencontre, très gentille et sympathique. Au début, elle nous donne tout plein
de conseils, tout ceci semblant très amical, sans aucunes arrières pensée de sa
part (d'autant plus que nous sommes hyper méfiants). Ensuite, elle nous dit que
le second temple (le principal de Bangkok) que l'on veut visiter aujourd’hui
est fermé pour cause de "buddha day", et qu'en ce jour de fête, les
moines se retirent toute la journée aux temples pour méditer, d'où la fermeture
annoncée, mais ce n'est pas tout... "Buddha day", c'est aussi
l'occasion de faire des achats, car selon ces propos, toutes les boutiques
proposent pour l'évènement 30% de réduction, partout, notamment au magasin
"Thailand factory", et même à l'office du tourisme, pour acheter notre
visa pour le Vietnam... Bref, là on est devenus très méfiants avec cette
histoire de « buddha day », sa gentillesse un peu trop extrême à mon
goût (devenant soûlante), et surtout lorsqu'elle nous a poussés à tout prix à
la suivre, proposant de négocier pour nous un tuk-tuk, qui nous emmènerait à
l’office du tourisme, puis dans la boutique à la c*n, et pour finir au temple,
qui serait enfin ouvert, pile poil quand on reviendrait…
On se dit : « le grand palais de Bangkok et son bouddha d’émeraude fermés ?? Mon, œil oui !! ». Je n’en crois pas un mot, tout comme « bouddha day », mentionné nulle part. Bref, quand elle a vu qu'on ne la suivrait pas (on a très gentiment décliné), elle a tout de suite changé d'attitude : visage fermé, plus de sourire, à peine un au revoir, rien ! Je n'en revenais pas. Attention donc si vous voyagez à Bangkok, car les arnaques y sont très nombreuses. Ne vous faîtes pas embobinés par la gentillesse des Thaïs, vérifiez toujours la véracité des infos que l’on vous donne. Sachez aussi, pour en avoir fait l’expérience, que même la police touristique est de mèche, puisqu’un de ces « policiers » nous a aussi dit que le temple était fermé, nous incitant plutôt à aller à l’office du tourisme… Le pire c’est qu’on ne lui avait rien demandé, c’est lui qui nous a forcés à nous arrêter dans la rue…
Bref, une fois la Thaïlandaise semée, nous sommes allés au fameux temple, qui était bien-sûr bel et bien ouvert. Le
Grand Palais renferme l’ancienne résidence
royale, le Wat Phra Kaew ou Temple du Bouddha d’Emeraude. Principal site touristique de la ville, ce lieu reste
un site de pèlerinage pour les fidèles bouddhistes, tout comme les
nationalistes.
Sur un terrain de près de 95 hectares, plus de 100 bâtiments
représentent 200 ans de royauté et d’innovations architecturales. Le
Bouddha d’Emeraude trône sur un autel surélevé, bien qu’il disparaisse presque
sous les dorures et les draperies dont il est toujours enveloppé.
Le Grand Palais quant à lui, n’est désormais utilisé par le roi qu’à l’occasion de cérémonies officielles, tel que l’anniversaire du couronnement. Juste pour info, le roi est ici en Thaïlande aussi vénéré que Bouddha ! Son effigie, déjà présente sur la monnaie, apparaît sur d’énormes panneaux, partout dans le pays. Quiconque ose proférer des paroles contre lui se retrouve directement en prison. Vive la dictature monarchique ! Quoiqu’il en soit, la visite nous a beaucoup plu, les bâtiments sont à couper le souffle.
Le second temple que nous avons visité fut le Wat Pho, et je l’attendais vraiment avec impatience ! Celui-ci possède le plus grand bouddha couché, qui est tout simplement extraordinaire avec ses 46 m de long et 15 m de haut. Ce dernier évoque l’ascension du Bouddha au nirvana (la mort du Bouddha, état de béatitude éternelle). La statue est modelée en plâtre sur une armature en brique, et dorée à la feuille.
Pour en finir de notre journée consacrée
aux temples, nous avons terminé notre visite par le troisième des temples les
plus sacrés de Bangkok, le Wat Arun. C’est en empruntant le ferry que nous y
sommes parvenus. De style Khmer, avec sa tour de 82 m de haut, ses mosaïques
décorées de fleurs proviennent de bris de porcelaine chinoise multicolore.
L’ascension du temple est particulière de part ses hautes marches, bien trop hautes, de sorte qu’on a l’impression de l’escalader. Arrivé en haut, la vue est superbe. On peut y voir le toit des temples anciens, où se mêlent à la fois les hauts buildings modernes. On peut ainsi découvrir la cohabitation de deux différents mondes à Bangkok, un peu comme deux facettes, avec d’un côté un aspect très conservé, empreint d’histoire, et de l’autre, un côté très moderne, avec des centres commerciaux ultra chics.
Le soir, une pluie diluvienne s’abat sur
la ville, et ce pendant une bonne partie de la nuit. Le lendemain, je me
réveille couverte de boutons rouges partout sur le corps, une allergie
semble-t-il, mais due à quoi…? On espère que ce n’est pas grand-chose… Nous partons
pour une balade dans Chinatown. Nous prenons une nouvelle fois le ferry pour
nous y rendre. Très populaire, ce quartier témoigne de l’importance de la
communauté chinoise à Bangkok, et ceci avant même sa fondation. Chinatown se
compose principalement d’un réseau complexe de passages minuscules, de marchés
bondés et d’étals de rue. Il est d’ailleurs assez difficile de s’y repérer et
même de s’y déplacer à pied, car c’est un dédale de rues étroites, dont les
trottoirs sont prisés des vendeurs ambulants, proposant remèdes à base de
plantes, ingrédients séchés comme des champignons ou des poissons (bonjour
l’odeur !), pattes de poulet (ah bon ça s’mange ?) et autres têtes de
cochon (bon appétit bien-sûr !). Après avoir eu un bon aperçu de la vie
rythmée de Chinatown, nous partons pour la Wat Traimit, célèbre pour abriter un
Bouddha en or massif de 3 m de haut, et pesant 5,5 tonnes.
La statue fut « redécouverte » il y a 40 ans, sous un revêtement de stuc qui se brisa lors de son transport jusqu’au temple ; ce revêtement fut sûrement rajouté pour la protéger des maraudeurs, probablement lorsque les Birmans siégeaient alors la Thaïlande, lors de la période d’Ayutthaya (ancienne capitale).
Dans l’après-midi, nous décidons d’aller nous rafraîchir dans un centre commercial. Étant donné que nous sommes un peu loin, nous décidons de tester un des taxis à compteur de la ville. Mais ce fût une erreur de notre part, car après près de 30 mn passées dans le taxi, nous ne parcourons finalement que 1,2 km… L’embouteillage à Bangkok n’est vraiment pas un mythe ! On décide donc de continuer à pied, mais sous la pluie… Arrivés presque à l’entrée du centre commercial, après avoir traversé une passerelle, il y a énormément de monde. Je m’arrête soudainement car je ne vois plus Loulou qui ouvrait la marche. Je regarde autour de moi, et pas de Loulou… Je reviens un peu sur mes pas, et toujours pas de Loulou en vue. Je décide donc de rester où je suis, sachant que je n’ai aucun papier avec moi, ni argent. J’espère qu’en restant à ma place, je finirais par retrouver Loulou… 5 minutes passent, puis 10, puis 20, puis 30… Je désespère de le revoir… L’endroit est en plus bondé de monde. Au bout de 45 minutes, j’aperçois enfin Loulou de loin, qui remonte la passerelle ! Enfin ! Je me précipite vers lui, qui n’en reviens pas non plus de me voir. Lui pensait qu’il m’était arrivé quelque-chose, genre un enlèvement ! lol. Mais ouf ! Plus de peur que de mal ! Enfin, nous rentrons dans le centre commercial ensemble, rempli de boutiques un peu chics, mais aussi d’un Starbucks, rien de tel pour se remettre de nos émotions.
Le jour suivant, nous décidons de
quitter Bangkok (mais ce n’est qu’un au revoir…) ; je me réveille une fois
de plus au matin avec des plaques plus impressionnantes que la veille et
multipliées. Je reprends un nouveau caché anti-histaminique (celui de la veille
n’ayant apparemment pas fait effet), en espérant que ça finisse par
disparaître. Un tuk-tuk nous emmène à la gare, où nous prenons un train pour
Ayutthaya. Arrivés sur place, nous
déposons nos sacs à la consigne d’un hôtel car la visite du site se faisant en
une journée, nous repartirons le soir même vers la prochaine ville, afin de ne
pas perdre trop de temps.
Ayutthaya, ancienne capitale royale (du royaume de
Siam) pendant 417 ans est une île, ayant conservé les vestiges de son glorieux
passé. A l’époque, beaucoup considéraient Ayutthaya comme la plus belle ville du
monde, avec ses temples imposants et ses palais remplis de richesses. La ville
fut envahie par une armée ennemie, principalement composée de Birmans, et mise
à sac, pour ensuite décliner, et n’être considérée aujourd’hui que comme une
gloire déchue. Malgré son attrait touristique, la ville reste paisible et
surtout ses sites préservés. Ayutthaya est inscrite au patrimoine mondial de
l’Unesco en 1991 ; sur 400 temples construits dans la ville, seuls peu
subsistent. Cela dit, les bouddhas sans têtes (coupées par les Birmans), et les
escaliers effondrés suffisent à s’imaginer ce qui fut une cité grandiose…
Pour la visite, nous louons un scooter afin de nous déplacer plus vite, étant donné que nous ne restons que pour la journée. Comme il y a 400 temples sur place, nous nous fions aux informations du « Lonely », pour ne visiter que les sites présentant un réel intérêt. Nous commençons par le Wat Phra Mahathat, célèbre entre autre pour sa tête de bouddha sertie de racines ! C’est tout simplement splendide. Nul ne sait comment elle est arrivée là…
Des suppositions penchent à dire qu’elle fut coupée par les Birmans puis abandonnée, laissant les arbres s’en emparer, ou bien que des pilleurs la jugèrent trop lourde pour l’emporter… Nous sommes ensuite allés visiter les autres vestiges importants de la ville, à la fois impressionnés par l’architecture, et par l’excellente conservation des sites, toujours aussi sacrés auprès des moines actuels, d’où la sensation de sérénité régnant sur les lieux où la nature tente de reprendre ses droits.
Le soir venu, nous prenons un bus de
nuit aux alentours de 22h pour Sukhothaï. Nous arriverons très tôt le lendemain
matin, à 5h. Aux alentours de 6h, nous quittons la station de bus vers le
centre-ville, espérant pouvoir être accueillis aussi tôt par une guesthouse.
Nous sommes alors accompagnés de Nuria et Alberto, un couple d’espagnols,
« muy simpaticos ». Plus tard, bien installés dans notre chambre et
après un petit-déjeuner, nous prenons tous les 4 un vélo, à la découverte du
parc historique de Sukhothaï.
A son apogée, le royaume de Sukhothaï (signifiant
« aube du bonheur »), est considérée comme l’âge d’or de la
civilisation Thaï. La vieille ville abrite sur 45 km2 les vestiges du royaume,
l’un des sites anciens les plus visités de Thaïlande. L’ère Sukhothaï dura 200
ans, avant de passer sous la domination d’Ayutthaya en 1438. Ses ruines figurent
au patrimoine mondial de l’Unesco, comptant 21 monuments historiques et 4 grands
étangs à l’intérieur des fortifications, auxquels s’ajoutent 70 sites dans un
rayon de 5 km alentour. Grâce à nos vélos, il fut très agréable de se déplacer
à l’intérieur du parc et de s’arrêter sur les sites, qui sont tous plus
magnifiques les uns que les autres, imposant d’emblée le respect ; et vu
que le parc est immense, on s’y retrouve bien souvent en solitaire, entre les
grandes colonnes, blocs de pierres, stupas et grands bouddhas.
Le site est bien
moins endommagé que celui d’Ayutthaya. En revanche, il faut payer presque à
chaque fois si l’on veut se rendre dans telle ou telle partie du parc et il est
impossible d’acheter un billet d’entrée unique. Attention à la partie Ouest du
parc, payante (nous avons réussi à esquiver), mais qui n’a pas un grand
intérêt. Les temples ne sont même plus en ruine, contrairement à ce que l’on
vous dira, ils sont presque inexistants avec seulement deux ou trois blocs de
briques subsistants. Rien d’extraordinaire donc dans cette partie du parc,
normalement payante, alors qu’il n’y a plus rien à voir, à moins d’être un
passionné d’archéologie. Nous étions en revanche ravis de notre journée à vélo,
à explorer le parc, qui est remarquablement bien conservé malgré la partie
Ouest.
Le Wat Si Chum et son Bouddha assis de 15 m de haut nous a
particulièrement impressionnés, caché derrière un grand mur de brique. Le Wat
Mahathat était tout aussi superbe, imposant et emblématique, centre spirituel
de la capitale antique, apparaissant sur la majorité des photos touristiques. A
noter aussi, le Wat Chang Lom, d’une beauté sans pareil, dont le nom signifie
« monastère entouré d’éléphants », et qui est composé de 36
pachydermes à sa base.
Pour conclure sur Sukhothaï et Ayutthaya, nous dirions que nous avons notre préférence, à savoir Sukhothaï, bien que les 2 sites soient différents de part leur style et leur conservation. Quoiqu’il en soit, sur chacun de ces temples en ruine, nous avons pu découvrir d’anciennes capitales fortifiées et apprécier les vestiges d’art religieux, de gravures et de sculptures. Si ces sites seraient apparemment moins grandioses que celui d’Angkor Wat (Cambodge), ils n’en offrent pas moins la même ambiance, avec une jungle tentant de reprendre ses droits, mais aussi avec l’avantage d’être moins populaires, bien qu’attrayants.