Merveille des temples d'Angkor !
Nous passerons sans soucis les formalités d’entrée au Cambodge, déjà munis de notre visa (effectué à Vientiane), moyennant cependant quelques dollars supplémentaires pour 3 coups
de tampon. Dans le bus, nous faisons la connaissance de Philippe, un belge qui
se rend directement à Siem Reap. Nos chemins se séparent à Kratie, lorsque nous
descendons du bus en milieu d’après-midi. Les Hollandaises choisiront un hôtel
différent du nôtre et nous ne les reverront pas. Sans attendre, nous attrapons
un second bus le lendemain matin pour Siem Reap : encore plusieurs heures
de route nous attendent… Entre 2 pluies bien « moussoneuses », nous
arrivons finalement à destination et parvenons à négocier un tuk-tuk pour 1
dollar jusqu’à notre hôtel en centre-ville.
Bien-sûr, comme souvent, le chauffeur nous emmène à un autre hôtel où il touchera sa commission. On visite quand-même les lieux « histoire de », mais ça ne nous plaît pas. On repart donc vers l’hôtel que nous avions choisi en premier, mais ça ne nous plaît guère plus. Le chauffeur nous propose alors un autre hôtel à 2 pas de là. Cette fois, la chambre nous plaît mieux, pour un prix négocié à 5 euros la nuit. Avant de nous laisser, le chauffeur n’omettra pas de nous laisser son numéro de portable pour que l’on profite de ses services quand à la visite des temples d’Angkor… Tout comme la réceptionniste de l’hôtel, mais à des prix exorbitants. On décline gentiment son offre, précisant que nous louerons plutôt des vélos pour la journée. Ce à quoi elle répond : « c’est dangereux, je vous le déconseille, et les temples sont loin ». Mais oui bien-sûr ! Donc à peine les bagages posés, on nous fout la pression pour nous faire visiter les temples, ça sent la machine à fric !
Le soir, nous sortons tranquillement en ville (enfin « tranquillement » est un bien grand mot au vu des sollicitations incessantes de chauffeurs de tuk-tuk, de vendeurs de bricoles, de mendiants et autres dealer de drogue). Cela dit, en dehors de ces effets néfastes du tourisme, la ville a su conserver un certain charme avec ses maisons de négoce françaises, ses boulevards arborés et sa rivière paisible. Grâce au tourisme, les habitants bénéficient d’une nouvelle prospérité, après tant de souffrances perpétrées par les années Khmers rouges.
Tôt le lendemain matin, nous partons à
vélo pour les temples, qui se situent à 6 km de la ville. Il n’est pas évident
de rouler ici, tant le code de la route est inexistant, mais on fait avec. Pour la visite des temples, il est
proposé différents types de pass. Pour notre part, ça sera le pass 3 jours,
valable une semaine, au tarif de 40$ (les 3 jours ne doivent pas nécessairement
se suivre, contrairement aux infos du Lonely). Au programme, deux circuits à
effectuer : un petit (17km) composé des temples les plus célèbres à
visiter, et un grand (26 km), comprenant les temples les plus éloignés d’Angkor.
Une fois, les postes de contrôle dépassés, nous pénétrons enfin sur le
site ! A vélo, nous découvrons petit à petit le gigantesque monument que
constitue Angkor Wat, tel un mirage, pour enfin définitivement l’apercevoir en
vrai !! Et ce moment fut exceptionnel.
Le plus grand édifice religieux au
monde est en effet une fusion spectaculaire de symbolisme et de spiritualité,
il fait la fierté des Cambodgiens. Il apparaît d’ailleurs partout : sur la
monnaie, la bière nationale, les paquets de cigarettes et les enseignes
diverses, rappelant ainsi au monde l’illustre histoire du peuple Khmer, quand
Angkor abritait jadis 1 million d’habitants à son apogée, et constituait alors
le centre du monde. Le puissant empire Khmer régnait alors sur les territoires
actuels du Laos, de la Thaïlande et du Vietnam. Angkor Wat fut contre toute
attente épargné par la terrible révolution Khmère rouge conduite par Pol Pot,
dont une des priorités était de couper tout lien avec le passé (proclamation de
l’année 0). Bien que plusieurs documents précieux furent détruits par les
révolutionnaires, le temple reste aujourd’hui l’un des mieux conservés au
monde, se classant ainsi au patrimoine mondial.
Nous avons donc commencé notre visite
par ce fabuleux temple. Je ne vous parlerais pas architecture car ce n’est pas
mon domaine ! Je peux seulement vous dire que nous avons été très
impressionnés par l’immensité des lieux : grands corridors, grandes
portes, énormes tours symétriques, voûtes et autres détails remarquables,
gravures et murs décorés représentant des divinités… Un travail de construction
incroyable ! Lors de notre passage, une importante partie de la façade
était en restauration.
Nous avons ensuite rejoint à vélo le
Bayon. Uniques parmi les temples d’Angkor, le Bayon est l’un des plus
énigmatiques. Les 216 portraits présumés du roi khmer et égocentrique
Jayavarman VII nous observent depuis tous les angles de l’édifice, d’une façon
sévère et compatissante à la fois, symbolisant ainsi la puissance, l’autorité
et la bienveillance. Nous avons adoré ce temple, de part le côté mystérieux
qu’il dégage, mais aussi de part l’incroyable travail de construction, ses
couloirs voûtés et ses escaliers escarpés.
Un autre temple non loin de là, le Baphuon, et sa représentation pyramidale mythique du Mont Meru. Le temple avait été démonté morceau par morceau pour restauration, mais tous les registres le concernant furent détruits par les Khmers rouges, laissant les spécialistes face au plus grand puzzle du monde… Aujourd’hui, le temple est toujours en pleine restauration, financée par la France. Le travail est ici délicat et demande beaucoup de précision, c’est pourquoi la restauration est toujours en cours depuis 1995.
En milieu de journée, nous regagnons nos
vélos, assaillis par les vendeurs de bricoles (y compris des enfants), et les
restaurants qui nous tannent pour qu’on mange chez eux ! Finalement, on
décide de s’accorder une pause dans un petit restaurant khmer en plein air,
avec un plat de riz sauté, et un bon jus de coco bien frais, encore dans sa
noix ! Un délice.
Le ventre rempli, nous partons pour le
Ta Phrom, le temple du film « Tomb Raider », mais aussi « Deux frères » ! Voilà sans nul doute le temple le plus charmant
d’Angkor ! Bien qu’il s’agisse d’une ruine, le temple séduit par la jungle
qui l’a envahit ! Ces énormes fromagers (nom donné aux arbres qui
encerclent les ruines avec leurs racines géantes) permettent en fait aux
édifices restants de ne pas s’écrouler.
Composé de tours, de cours fermées et de couloirs étroits, le temple est ombragé par les arbres centenaires et « mangé » par d’autres végétations et plantes grimpantes. Le décor est spectaculaire ! Le pavillon d’entrée, à l’Est de l’enceinte centrale, est étranglé par un arbre gigantesque, surnommé « arbre-crocodile ».
Vers 17h, nous partons découvrir un
autre temple, le Phnom Bakheng, où paraît-il, le coucher de soleil vaut le
détour. Composé de 7 niveaux (représentant les 7 paradis hindous), l’accès
jusqu’en haut du Bakheng est périlleux ! Les innombrables marches sont
extrêmement pentues et escarpées, autant être prudent. D’autre part le temple
était bondé de touristes ! A 1,3 km de là, Angkor Wat, difficilement
observable sans un objectif de 300 mm. Nous l’avons quand-même eu. Le coucher
de soleil n’est pas spectaculaire, mais l’architecture du temple valait la
peine d’être vue !
Une fois le soleil couché, nous nous
sommes empressés de rejoindre nos vélos, tandis que les tuk-tuk, voitures et
autres bus se sont retrouvés dans les embouteillages ! Malheureusement,
nous nous sommes un peu paumés, et avons dû faire un sacré détour avant de
rejoindre Siem Reap ! Attention la circulation est particulièrement
difficile le soir, il faut donc rester sur vos gardes à chaque instant si vous
choisissez le vélo !
Nous nous coucherons tôt le soir, car le
jour suivant, nous souhaitons assister au lever du soleil. A 5h du matin, nous
quittons notre hôtel, négocions un tuk-tuk qui passait par là et c’est
parti ! Même s’il est tôt, il y a pas mal de monde, j’imagine alors ce que
ça doit être en haute saison ! Nous avons de la chance car il a plu toute
la nuit durant, et ce matin le ciel est un peu plus dégagé. Nous sommes pile
poil à l’heure pour le spectacle. A contre-jour, la façade d’Angkor Wat est
toute noire, tandis que le soleil se lève peu à peu, illuminant le plan d’eau
où se reflète le majestueux temple.
La luminosité change rapidement à mesure que le soleil monte un peu plus haut. Ainsi, le temple prend des teintes bleues, puis violettes, avant de se draper d’or, pour notre plus grand plaisir ! Le spectacle est tout simplement sublime et se passe de commentaire ! Tout le monde se tait alors pour ne pas troubler la magie de l’instant, et on n’entend plus que le claquement des appareils photos !
Le spectacle terminé nous retrouverons par hasard Philippe, notre ami Belge rencontré au Laos. Puis, nous nous sommes rendus au Bayon, le temple aux 216 visages afin d’apprécier la luminosité matinale, et quand personne encore ne vient troubler la tranquillité des lieux. Dommage que la lumière n’était pas plus propice à la photo.
Nous sommes ensuite retournés avec notre
tuk-tuk à l’hôtel. L’après-midi, nous avons repris les vélos afin d’effectuer
cette fois-ci la grande boucle, en passant notamment par le Preah Khan, un temple
super grand, rappelant le Ta Phrom avec ses corridors étroits, même si la
nature n’y a pas totalement repris ses droits. Entre deux grosses averses (nous
avons dû nous abriter près d’une demi-heure), nous avons effectué les 27 km du
circuit sans problème, nous arrêtant à d’autres temples en chemin.
Peu avant la tombée de la nuit, nous sommes repartis sur Siem Reap. Un policier au poste de contrôle voulait nous interdire d’emprunter une certaine route sous prétexte que nous étions des touristes à vélo ! Incroyable ! Ce dernier nous a finalement laissé passer, se rendant compte que sa décision était complètement ridicule. En chemin, nous croisons deux autres français à vélo eux-aussi (enfin des courageux !). Le soir, on s’accorde un bon resto pour se récompenser des efforts fournis à vélo ! :-p
Le lendemain, nous décidons de faire une pause dans la visite des temples, et en profitons pour se balader en ville. Au programme, marchés d’artisanat, de tissus, et de souvenirs en tout genre. Un passage éclair également à notre boulangerie préférée du coin « The Blue Pumpkin », hautement recommandée ;-). C’est ici que nous retrouverons Philippe. Puis une demi-heure plus tard, c’est Justine et Najib qui viendront nous rejoindre ! Le monde est vraiment petit ! Nous papotons, puis le soir allons manger tous ensemble sur un petit marché bien sympathique proposant un bon barbecue.
Le lendemain, nous profitons de notre tout dernier jour de visite à Angkor. Nous repassons au Ta Phrom, notre temple préféré ! Nous avons eu de la chance, car le site n’était pas bondé, c’était très calme, raison de plus pour mieux apprécier la sérénité des lieux.